La chanteuse et guitariste lyonnaise Gaby a sorti le 24 septembre 2021 « Cache cœur ». Ce premier EP contient notamment « Sucré salé », un titre dans lequel l’autrice-compositrice-interprète confie ses troubles alimentaires.
Gaby, à quel âge as-tu connu les troubles alimentaires ?
Ça a commencé autour de mes 13 ans. À l’entrée de l’adolescence, j’ai commencé à faire des régimes. Au début, tout se passait bien. Petit à petit, on perd le contrôle et on commence par entretenir un rapport malsain avec la nourriture. Je pense qu’en grandissant, avec les études puis le travail, ça ne s’est pas forcément arrangé. Je n’ai pas tout de suite compris que j’avais un problème. Je me suis moi-même enterrée dans ce déni et cette maladie. Mais, cette année, j’ai écrit cette chanson et je me suis dit que c’était un beau moyen de parler de ce truc qui touche beaucoup de personnes et dont on parle peu, je trouve.
Ces troubles sont-ils derrière toi ?
Non, loin de là. Je crois qu’il y a beaucoup de travail.
As-tu senti qu’en faire une musique t’aidait ?
C’est très libérateur, et ça aide quand les gens qui écoutent ce morceau et ma communauté soutiennent et sont compréhensifs. J’ai eu beaucoup de retours de personnes qui m’ont dit « punaise tu as réussi à mettre les mots sur ce que je vis ». Ça a fait du bien à certaines personnes et ça leur a permis de comprendre pourquoi ils avaient un rapport un peu malsain avec la nourriture. Même si ce n’était pas facile de se mettre à nu, je suis contente du résultat.
Le sujet est difficile. Tu l’abordes avec de la douceur, rien que par le titre Sucré salé. Mais il y a aussi des moments de la chanson qui rappellent les aspects tragiques des troubles alimentaires…
Il y a beaucoup de contrastes de manière générale dans les morceaux que je fais. Dans celui-là particulièrement, j’aimais bien le contraste entre quelque chose de très doux, un peu rêveur, un peu poétique, et ces images hyper dures que sont ces maladies. Ce sont quand même des maladies qui tuent même si on a tendance à l’oublier. Que ce soit la boulimie ou l’anorexie, elles doivent être accompagnées. Dans le clip, j’ai vraiment cherché à avoir ce contraste avec quelque chose de très beau, très esthétique, très contrôlé. Au final, on se rend compte que les apparences sont souvent trompeuses. Plus on contrôle, moins on contrôle et plus c’est le bazar, plus on fait des crises, plus on perd le contrôle de soi-même.
Faire de la musique peut entraîner à se mettre en avant. Quel est ton rapport à la potentielle notoriété, au public, au fait d’être sur scène devant le public ? Comment réussis-tu à le gérer ?
Effectivement, faire de la musique est aussi un métier d’images. On ne peut pas dire qu’on fait juste de la musique. Il faut aussi qu’on représente quelque chose, qu’on soit un personnage, qu’on prenne soin de son image. Ça fait partie des problèmes que je n’ai pas encore totalement réglés dans le sens où je contrôle énormément mon image, que ce soit sur les réseaux sociaux ou quand je monte sur scène. J’ai besoin d’être toute nickel, d’être bien maquillée, bien coiffée, de me sentir belle pour ne pas avoir affaire au regard des autres en face qui seraient négatifs. Mais je pense que c’est important de le savoir et de pouvoir travailler là-dessus, pouvoir se dire « OK, peut-être que si tu ne te maquilles pas, ce n’est pas très grave, ça ne va pas changer le cours des choses et, surtout, tu es là pour faire de la musique avant tout ». J’essaie de me recentrer là-dessus et de me dire que mon image ne fait pas tout. Mais je reconnais que ça fait aussi partie des choses qui sont compliquées pour moi et qui ont fait aussi que j’ai un rapport malsain avec la nourriture. Parce que j’avais envie d’être impeccable tout le temps pour les gens et pour ce métier-là qui demande encore beaucoup de rigueur, même si les choses évoluent beaucoup quand même. Les mentalités évoluent. Aujourd’hui, on a beaucoup de chanteuses qui ne correspondent pas du tout aux critères de beauté et ça fait du bien.
Quelle a été le déclic pour te lancer pleinement dans la musique ?
Je pense que ça s’est fait petit à petit. A côté, je travaille en tant qu’infirmière. Pendant deux ans, j’ai travaillé à temps plein. À un moment, je me suis dis « si je n’essaie pas de me lancer maintenant, ce sera trop tard ». Je me suis mise à mi-temps. J’ai essayé de chercher des dates et de comprendre ce milieu. Fin 2017, je me suis lancée et j’ai eu envie de faire ce projet d’EP.
Avec quelles influences ? Qui as-tu le plus écouté ?
Tellement de choses, j’écoute de tout. Pour l’EP, particulièrement, j’avais deux artistes en tête qui m’ont beaucoup influencé. Matthieu Chedid est un artiste que j’adore, que je vénère. Je le trouve exceptionnel. La deuxième personne est Pomme, une super autrice-compositrice. J’aime beaucoup sa douceur.
Gaby, balance ta prog !
M : La bonne étoile
POMME : Je ne sais pas danser
LIAM GALLAGHER : Bold