Après deux années empêchées par la pandémie de Covid-19, la vingtième édition des Papillons de nuit se déroule du vendredi 3 au dimanche 5 juin 2022 à Saint-Laurent-de-Cuves, dans la Manche. Les trois jours affichent complets. Interview avec Pierre-Olivier Madelaine, administrateur du festival.
Comment s’est négociée la venue de Royal Blood aux Papillons de nuit ?
Pierre-Olivier Madelaine : Honnêtement, on n’y croyait pas du tout. Quand on a commencé à discuter avec le producteur, nous nous sommes dits que c’était typiquement le genre de groupe devenu intouchable pour nous parce qu’ils sont ultra-connus, peut-être pas encore très connu du grand public en France, mais ils remplissent des stades et des arènes en Angleterre et aux Etats-Unis. C’est un groupe qu’on rêve d’accueillir depuis le tout début de leur histoire. On y est allé un peu au culot. Finalement, ça l’a fait. Nous sommes hyper heureux de les accueillir cette année. Ce genre de groupe de rock, dans la pure tradition anglo-saxonne, c’est malheureusement de plus en plus rare en France. Ils font seulement quelques dates en France cette année donc on est super heureux de les avoir.
Le rock, comparé au début des années 2000, est moins écouté en France. Le festival Papillons de nuit reste-t-il attaché à ce qu’il y ait une dose de rock, et notamment du rock anglo-saxon ?
Oui. Bien sûr, on suit un peu la tendance comme tout le monde. Il y a plus de rap aujourd’hui qu’il y a dix ans. Mais on reste attaché à ce qu’il y ait une belle diversité musicale sur le festival. On a quatre scènes dont deux entièrement réservés à de la découverte. C’est parfois compliqué en têtes d’affiche mais on essaie le plus possible, au moins en découvertes, de proposer des groupes de rock français ou étrangers. D’ailleurs, le rock reste malgré tout l’esthétique majoritaire dans la programmation du festival. On a souvent tendance à penser qu’on ne fait plus que du rap ou de l’électro, ce qui n’est pas vrai. Il y a aussi beaucoup de chansons et de rock aux Papillons.
Samedi 4 juin 2022, est-ce que ce sera la première venue d’Angèle à Saint-Laurent-de-Cuves ?
Oui, Angèle est une artiste qui devait être programmée sur l’édition 2020 puis 2021 du festival. On a voulu absolument la reprogrammer en 2022 car c’est son année tout simplement. L’album est sorti l’hiver dernier. Elle cartonne. On la voit et on l’entend partout. Pour nous, c’était une artiste incontournable.
Dimanche 5 juin, il y aura notamment Julien Doré. Le chanteur a-t-il déjà chanté aux Papillons de nuit ?
Oui, en 2014, il était un petit moins connu à l’époque mais il commençait a bien cartonné quand même. Aujourd’hui, c’est une tête d’affiche. Il ouvrira la journée du dimanche sur la scène principale, juste avant Dutronc père et fils et Sexion d’assaut. On a un dimanche très familial avec beaucoup de chansons françaises et de variétés. Mine de rien, 2014 date un peu. Nous sommes très heureux de l’accueillir à nouveau Julien Doré. Ce sera un très beau concert.
La venue des Dutronc père et fils devrait être un moment clé de cette édition 2022 des Papillons de nuit…
Oui, Jacques Dutronc était venu pour clore la dixième édition en 2010 et son fils était venu en 2012, lui aussi sur la grande scène. Cette fois-ci, ils vont jouer ensemble. Ce sera un beau spectacle, un best-of de leurs plus grands tubes. C’est bien de les voir réunis sur scène. Jacques Dutronc a 79 ans. C’est malheureusement quelqu’un qui va devenir de plus en plus rare. C’est peut-être une des dernières occasions que nous ayons de le voir sur scène. On va en profiter.
Quelle est l’humeur générale dans les coulisses du festival ?
Nous sommes regonflés à bloc. On a hâte d’y être. Tout le monde est sur les starting-blocks. On était sevré d’événements pendant deux ans même si on a tout tenté pour essayer de maintenir un festival en 2020 puis en 2021. Malheureusement, cela n’a pas été possible pour différentes raisons. Nous n’avons qu’une seule envie, c’est d’y être. On sent l’effervescence qui monte. Il y a une attente énorme. C’est la vingtième édition. On va battre notre record de fréquentation. On va accueillir plus de 80 000 personnes cette année à Saint-Laurent-de-Cuves, un village de 480 habitants. On a hâte d’y être, de faire la fête, de passer un beau moment ensemble, de retrouver nos festivaliers, bénévoles, partenaires, artistes et techniciens, qu’on se dise que c’est reparti pour de bon et qu’on en profite.
Comparé à la première édition, il y a beaucoup plus de propositions de festivals. Comment les Papillons de nuit réussissent-ils à se maintenir en forme ?
C’est lié déjà à l’histoire du festival. Il fête cette année sa vingtième édition. C’est le plus grand festival dans le plus petit lieu. On multiplie quand même par 150 la population de la commune le temps d’un weekend, ce qui est unique en France à ma connaissance. Ca participe à une ambiance particulière qu’on retrouve dans un tout petit village, en milieu hyper rural, avec nos 1 400 bénévoles qui nous donnent un coup de main pour monter le festival, accueillir le public, etc. Il y a une ambiance qu’on ne retrouve pas forcément ailleurs. Depuis plus de vingt ans, le festival est organisé par une association à but non lucratif. C’est de plus en plus rare dans le monde des festivals, qui sont de plus en plus privatisés et organisés par des grands groupes privés de divertissement. Les gens ressentent notre côté associatif et indépendant. Les Papillons de nuit, c’est une méga-fête de village avec des supers concerts.
Festival Papillons de nuit, du 3 au 5 juin 2022, à Saint-Laurent-de-Cuves, dans la Manche, avec notamment Rag’n’Bone Man et Macklemore le vendredi, Royal Blood et Angèle le samedi, Julien Doré et Dutronc & Dutronc le dimanche.